Une journée sur la base aérienne 105 d'Evreux-Fauville...
A l’invitation de l’Armée de l’air, nous avons pu accompagner une promotion de l’IHEDN (Institut des Hautes Études de Défense Nationale) sur la BA 105 d’Évreux. Cette journée a été l’occasion de faire le point sur la capacité opérationnelle de l’Armée de l’air française mais aussi sur ses objectifs stratégiques.
Nous avons assisté à des présentations statiques de matériels mais aussi à quatre présentations dynamiques :
une séquence opération de type « bande sahélo saharienne » (BSS) mettant en jeu un C160 Transall de la 64ème escadre d’Evreux-Fauville, un Caracal de l’escadron d’hélicoptères (EH) 1/67 de Cazaux, un Fennec de l’EH 3/67 de Vélizy-Villacoublay, deux Rafale de la 30ème escadre de chasse de Mont de Marsan et dix commandos du Commando parachutiste de l’air n°30,
une démonstration tactique de l’A400M
une démonstration du Rafale Solo Display
un largage de parachutiste depuis un avion de transport et d’assaut (ce qui nous a rappelé des souvenirs de jeunesse…).
Les missions permanentes de l’Armée de l’air
L’Armée de l’air est engagée en permanence, 365 jours par an et 24/7, afin de mener à bien ses trois missions principales pour la protection de la France et des Français :
permanence de la dissuasion nucléaire, grâce à la composante aéroportée stationnée sur la BA 118 de Mont de Marsan. Comme l’a rappelé dans son allocution de bienvenue le général de corps aérien Olivier Taprest, Major général de l’armée de l’air, « notre dissuasion nucléaire est l’assurance vie de la Nation face à toute menace qui s’en prendrait à nos intérêts vitaux. Cette nécessité d’assurance vie est plus que jamais pertinente dans le contexte géostratégique actuel que nous connaissons, de résurgence de puissances majeures, de relance de la course aux armements et de potentielle nécessité pour les Européens d’assurer eux-mêmes la défense de notre continent ».
permanence de la protection de l’espace aérien français et de ses approches : cette protection va de la capacité à prendre en compte les menaces, quelles que soient leurs formes, à l’assistance aux aéronefs en difficulté ; sur les 11 premiers mois de 2019, 204 situations anormales d’aéronefs ont été constatées et ont donné lieu à 99 sorties chasse et à 91 sorties d’hélicoptères. Le général Taprest a rappelé que « cette protection de l’espace aérien s’appuie sur un réseau de radars et de centres militaires de contrôle aérien, ainsi que sur un dispositif d’aéronefs en alerte : au total, ce sont 8 à 12 chasseurs Rafale ou Mirage 2000, 5 hélicoptères Fennec, un avion radar AWACS et un ravitailleur, en alerte permanente aux quatre coins du pays, qui sont en mesure de décoller en quelques minutes seulement pour intervenir partout dans l’espace aérien français ».
permanence de l’engagement sur les opérations extérieures (OPEX) ; l’opération Chammal (Irak-Syrie) a donné lieu, depuis 2013, à 839 missions aériennes (tous vecteurs Armée de l’air) et l’opération Barkhane (BSS) a donné lieu, depuis 2014, à 4130 missions aériennes (tous vecteurs Armée de l’air) dont le transport de 5831 tonnes de fret et de 41923 militaires. Le général Taprest a précisé : « Rien qu’en 2019, nos Mirage 2000 ont ainsi réalisé plus de 4000 heures de vol. Ils ont tiré plus de 60 bombes au cours de 25 missions de frappes aériennes et effectué quelques 500 passages à basse altitude (show of force/presence) en protection de convois de l’armée de terre. Nos drones Reaper et les avions légers de surveillance et reconnaissance ont volé plus de 7000 heures pour fournir le renseignement indispensable à la force ».
Les équipements de l’Armée de l’air
En 2020, l’Armée de l’air devrait réceptionner 50 Rafale au standard F3R, porteur du missile air-air de longue portée METEOR de MBDA, deux systèmes de drone Block V Reaper (soit 6 Reaper de plus) portant le total à 12 drone MALE, d’un second KC-130J, de deux Mirage 2000D rénovés, de deux A400M portant le total à 17, d’un troisième Phénix (A330-MRTT), d’un C-130H rénové et de deux ALSR (Avion Léger de Surveillance et de Reconnaissance disposant d’équipements d’écoute électronique de Thales).
Au total les équipements devraient se situer comme suit :
2020
Avions de chasse : 217 (dont 102 Rafale + 68 Mirage 2000 D)
Avions de transport : 118
Avions de support des opérations : 20 (dont 4 AWACS, 2 C-160 Gabriel et 12 Reaper)
Hélicoptères : 75 (dont 40 Fennec, 10 Caracal et 23 Puma)
Flotte Ecole : 148 (dont 80 Alphajet)
Systèmes d’armes sol-air : 20 (12 Crotale NG et 8 SAMP Mamba)
2025
Avions de chasse : 218 (dont 129 Rafale)
Avions de transport : 112 (dont 25 A400M Atlas, 14 C-130H et 27 Casa)
Avions de support des opérations : 19 (dont 4 AWACS, 1 C-160 Gabriel et 12 Reaper)
Hélicoptères : 76 (dont 40 Fennec, 11 Caracal et 23 Puma)
Flotte Ecole : 125 (dont 61 Alphajet et 22 Xingu)
Systèmes d’armes sol-air : 20 (sans changement)
D’après le général Taprest, « aux alentours de 2035 il s’agira de moderniser notre composante aéroportée de la dissuasion. Le standard F5 du Rafale permettra ainsi d’emporter le nouveau missile nucléaire ASN4G. Et puis, au-delà de 2040, le Rafale sera toujours là et d’autres standards verront donc le jour… ».
La fidélisation des personnels : un défi pour l’Armée de l’air !
L’Armée de l’air est composée de 40 800 aviateurs et aviatrices, dont 45% de carrière et 55% sous-contrat, avec un âge moyen de 35 ans : 75% de ces personnels sont sous les ordres du CEMAA.
La fidélisation du personnel est devenue un défi majeur car, comme l’a souligné le général Taprest « à l’heure actuelle, beaucoup de départs surviennent tôt dans la carrière, favorisés par un contexte économique propice à la fuite de compétences vers le secteur de l’aéronautique civile qui propose des rémunérations sur lesquelles il est difficile de nous aligner. Ces nombreux départs nous obligent ainsi à recruter et former massivement. Heureusement, le recrutement n’est pas un problème. Mais la formation initiale dans nos écoles coûte cher et la progression professionnelle dans les unités opérationnelles est consommatrice d’effectifs. Même si la LPM prévoit une augmentation de nos effectifs de 1250 personnes, dont seulement 350 d’ici à 2022, les besoins sont encore bien supérieurs. L’EMAA et la DRHAA travaillent donc à un plan d’actions visant à fidéliser les Aviateurs ».
La base aérienne 105 «Commandant Viot »
La BA 105 d’Evreux compte aujourd’hui environ 2500 civils et militaires, répartis dans les unités opérationnelles (2100 personnes), et les unités de soutiens (350 personnes). Avec une augmentation de 40% de son personnel en 10 ans, la BA 105 représente le 1er employeur de l’Eure.
C’est une base aérienne puissante et impliquée dans toutes les fonctions stratégiques : elle est capable d’accueillir et de supporter les moyens de la dissuasion aéroportée ; elle participe à la souveraineté de l’espace aérien national ; elle projette en permanence 4 à 6 avions de transport militaire et elle est un hub logistique aérien majeur de soutien aux OPEX ; elle peut projeter des capteurs aériens de renseignement présents sur la base.
C’est une base aérienne opérationnelle, avec l’EAC2P (Escadre aérienne de commandement et de conduite projetable), la 64ème escadre de transport et le Groupement d’appui à l’activité (GAA).
C’est aussi une base expérimentale de l’Armée de l'air depuis 2015. La BA 105 a développé un projet de « SmartBase», se transformant en laboratoire d’innovations et de recueil de bonnes pratiques pour la rendre plus efficace et mieux adaptée, à la fois dans son fonctionnement et dans l’intégration des familles de militaires. En partenariat avec des startups hébergées sur la BA 105, la «SmartBase» s’appuie donc sur les nouvelles technologies et des approches innovantes pour améliorer les capacités des bases aériennes. Elle est commandée par le colonel Sébastien Delporte.
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Crédits photos: Dicod, Groupe Dassault et Alain Establier