Interview de Jean-Paul Alibert, PDG de T-Systems France

SDBRNews : Pouvez-vous nous rappeler la stratégie de T-Systems* en France ?

Jean-Paul Alibert : T-Systems, filiale de Deutsche Telekom, emploie 35.000 personnes dans le monde et réalise un chiffre d’affaires annuel de près de 7 milliards d’euros : 1/3 en réseaux et 2/3 en IT et sécurité. Nous restons de manière résolue sur une approche plateformes et opérations, donc services : nous sommes à la fois une entreprise de services et un fournisseur de plateformes, car notre maison-mère (Deutsche Telekom) a les moyens de réaliser ces investissements. De fait, notre raison d’être est de porter des services, réseaux, IT et cybersécurité, issus de plateformes qui sont en général les nôtres (Cloud) mais, depuis deux ans, nous nous sommes ouverts à Azure et Amazon. Nous travaillons sur des contrats internationaux, avec des entreprises à forte présence dans le monde, donc nous avons des échanges avec nos concurrents en fonction de leur présence dans certaines régions, comme nous en Europe de l’Ouest. Cette stratégie nous a permis de nous repositionner sur des marchés de croissance au ticket d’entrée élevé.

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SDBRNews : Comment se répartit géographiquement votre chiffre d’affaires ?

Jean-Paul Alibert : Nous réalisons 60% de notre activité en Allemagne, 20% dans le reste de l’Europe et 20% hors Europe. Le dernier classement Gartner, pour les fournisseurs d’outsourcing d’infrastructures IT, nous classe 1er en Europe pour ce qui est des ERP et 3ème pour ce qui est hors ERP. Nous avons aussi le meilleur taux de satisfaction client.

Par ailleurs, nous sommes leader mondial sur SAP. Donc nous restons concentrés sur des valeurs de solidité et de satisfaction client, et nous sommes tournés vers le déploiement de plateformes. Nous servons de grands clients du CAC 40 en France : Total, Sanofi, EDF, Vinci, etc. Contrairement à certaines critiques entendues ça et là, nos clients semblent satisfaits de l’impact économique de leur passage au Cloud : certains ont des résultats encore plus positifs que ceux qu’ils avaient prévus. Nous sommes à même d’opérer sur du multi-Cloud (Cloud privé + Cloud public) en fonction du besoin réel de nos clients.   

SDBRNews : Parlez-nous de votre accord avec l’israélien Argus…

Jean-Paul Alibert : Lors d’une conférence de presse commune à la Foire industrielle de Hanovre en avril dernier, T-Systems et Argus Cyber Security, filiale indépendante de Continental, ont annoncé qu’ils allaient travailler ensemble sur la cyberdéfense des voitures. En conséquence de cet accord, T-Systems prévoit un centre d'opérations de sécurité dédié à la sécurité des véhicules (Automotive SOC). Pour T-Systems il s’agit d’un partenariat majeur avec Argus, alors même que les attaques via Internet sont en plein développement. Le spécialiste israélien dispose d'un système de gestion de l'information et des événements (SIEM) très performant dédié aux véhicules et solutions embarquées. Les constructeurs automobiles et les exploitants de flottes l'utilisent déjà pour identifier les anomalies détectées dans les véhicules connectés. Cet accord en matière de cybersécurité est en ligne avec notre stratégie de plateforme : nous souhaitons amener au marché des plateformes de cybersécurité prêtes à l’usage, telles que QRadar (IBM), ArcSight (Micro Focus), Splunk ou Argus, ce qui permet à nos clients de se concentrer sur la partie détection-réponse et d’accélérer leur évolution digitale.

 SDBRNews : Comment se porte T-Systems France ?

Jean-Paul Alibert : Nous avons une croissance régulière de chiffre d’affaires en France : 13% en 2018, 10% prévu en 2019. Nous espérons accélérer encore cette croissance même si, du fait de l’aspect capitalistique de notre activité, nous ne serons jamais sur les chiffres de croissance constatés chez certains éditeurs de logiciels. Nous avons aussi des marges inférieures à celles des éditeurs. La croissance globale du marché se situe autour de 4%, donc nous progressons plus vite que le marché tout en étant à la fois sur le Hardware, le Software et les Services. La croissance du marché est pour autant bridée par le manque de ressources humaines : nous le constatons ailleurs qu’en France, même dans des pays comme la Hongrie, l’Inde ou le Mexique !

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Crédit photo: T-Systems