3 questions à Gaëtan Breurec - Directeur général de CNIM Air Space

L’interview a été réalisée sur le salon Eurosatory 2022

SDBR News : Comment se situe CNIM Air Space* par rapport au groupe CNIM ?

Campagne ballons australs du CNES

Gaëtan Breurec : CNIM Air Space, anciennement Airstar Aerospace, est une structure à part entière, filiale** du groupe français CNIM depuis 2019, qui conçoit et produit des aérostats et des protections thermiques pour satellites. Notre activité majeure est la production de ballons captifs dédiés à la surveillance et à la sécurité. Historiquement, nous produisons aussi des ballons stratosphériques qui sont essentiellement destinés au CNES pour faire de l’expérimentation scientifique : ils transportent des charges utiles qui ont vocation à faire des expériences scientifiques. L’entreprise compte 70 personnes à Ayguesvives, au sud de Toulouse, et nous avons une forte progression de chiffre d’affaires depuis 2 ans. Nous sommes certifiés EN 9100.

SDBR News : Quel est l’avantage du ballon captif sur un drone d’observation ?

Gaëtan Breurec : Dans le domaine de la sécurité, nous avons travaillé en 2021 pour l’agence Frontex, avec 2 ballons captifs positionnés en Grèce pour faire de la surveillance maritime : piraterie, pêche illicite, etc. Les ballons ont eu un gros effet dissuasif et, grâce aux 80 kg de charges utiles opérationnelles embarquées, les gardes-côtes grecs ont pu observer ce qu’ils voulaient voir. Le câble d’amarrage du ballon captif permet non seulement de le retenir et de le maintenir à une certaine hauteur mais aussi d’y faire passer de la fibre optique, de l’énergie électrique, etc. L’avantage du ballon captif par rapport au drone est sa persistance : un ballon captif peut rester très longtemps en l’air. Avec Frontex le ballon restait 7 jours en l’air à 300 mètres mais, du fait des embruns marins, il fallait tous les 7 jours nettoyer les optiques des caméras. Il faut une heure pour descendre le ballon et une heure pour le remonter.

SDBR News : Dans les îles grecques il arrive qu’il y ait beaucoup de vent. Que se passe-t-il alors ?

Ballon de surveillance maritime

Gaëtan Breurec : Les ballons utilisés en Grèce sont résistants à un vent de 110 km/h : c’est l’avantage d’un ballon fuselé qui suit le vent comme la girouette. La difficulté est plutôt d’avoir des prévisions météo fiables ; donc nous prenons toujours une marge de sécurité liée à l’incertitude de la puissance annoncée des vents. Il faut 3 à 4 personnes pour opérer la montée et la descente du ballon. L’analyse des images transmises par les caméras était du ressort des gardes-côtes. Nous avons des marques d’intérêt importantes sur les marchés Export. De son coté, l’armée de Terre française a manifesté son intérêt pour la protection de camp en OPEX et la DGA a lancé un appel à candidature. Nous avons aussi des projets avec le CNES, dont un projet stratosphérique dérivant de nouvelle génération financé dans le cadre du Plan de Relance : ce ballon a pour objectif de rester sur une zone géographique et d’être moins dérivant que les ballons actuels. Il faut souligner que CNIM air Space a développé un outil industriel capable de produire des ballons en série.   

*https://cnim-air-space.com

** CNIM est l’actionnaire majoritaire de CNIM Air Space, mais compte aussi Thales Alenia Space et Definvest (fonds de Bpifrance et du ministère des Armées pour soutenir les PME stratégiques pour la Défense) en tant qu’actionnaires minoritaires.

Crédits photos: CNIM Air Space