Le Président Poutine devant le Conseil de Sécurité de la Fédération de Russie
/Nous vous proposons ici la traduction du sténogramme officiel de l’intervention initiale du Président russe devant le Conseil de Sécurité de la Fédération de Russie. Cette intervention préfigure les principales modifications qui sont susceptibles d’apparaitre dans une nouvelle version actuellement en chantier du “Fondement de la politique d’Etat de la Fédération de Russie dans le domaine de la dissuasion nucléaire”. Dr Gaël-Georges Moullec*
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Réunion du Conseil de Sécurité en session permanente sur la dissuasion nucléaire
25 septembre 2024 19 :50 Moscou, Kremlin
Vladimir Poutine : « Bonjour, chers collègues !
Nous tenons aujourd'hui un événement programmé, une session permanente sur la dissuasion nucléaire. Celle-ci se tient deux fois par an. L'ordre du jour d'aujourd'hui porte sur la mise à jour des Fondements de la politique de l’État en matière de dissuasion nucléaire.
Avec la doctrine militaire, c'est le document qui définit et détaille officiellement la stratégie nucléaire de la Russie. Tout d'abord, [il fixe] le principe de base de l'utilisation des armes nucléaires - de l'utilisation des forces nucléaires - mesure extrême pour protéger la souveraineté du pays.
J'insiste sur le fait que nous avons toujours eu une approche très responsable de ces questions. [Pleinement] conscients de l'énorme puissance de ces armes, nous nous sommes efforcés de renforcer la base juridique internationale pour la stabilité mondiale et d'empêcher la "prolifération" des armes nucléaires et de leurs composants.
Aujourd'hui, la triade nucléaire reste la garantie la plus importante de la sécurité de notre État et de nos citoyens, un instrument permettant de maintenir la parité stratégique et l'équilibre des forces dans le monde.
Dans le même temps, nous constatons que la situation militaire et politique actuelle évolue de manière dynamique et nous devons en tenir compte. Il s'agit notamment de l'émergence de nouvelles sources de menaces et de risques militaires pour la Russie et ses alliés.
Il est important de pronostiquer l'évolution de la situation et d'adapter en conséquence les dispositions du document de planification stratégique aux réalités actuelles.
Au cours de l'année écoulée, des spécialistes du ministère de la défense, du ministère des affaires étrangères, de l’Administration du Conseil de sécurité et d'autres agences ont mené une analyse approfondie et globale, et évalué la nécessité d'adapter nos approches à l'utilisation éventuelle de forces nucléaires. Sur la base des résultats de ce travail, un certain nombre de clarifications ont été proposées en ce qui concerne la définition des conditions d'utilisation des armes nucléaires.
Ainsi, le projet [de document] élargit la catégorie des États et des alliances militaires à l'égard desquels la dissuasion nucléaire est exercée et ajoute à la liste des menaces militaires pour la neutralisation desquelles des mesures de dissuasion nucléaire sont prises.
Je voudrais également attirer votre attention [sur un autre point] en particulier. Dans la version actualisée du document, il est proposé de considérer l'agression contre la Russie par un État non doté d'armes nucléaires, mais avec la participation ou le soutien d'un État doté d'armes nucléaires, comme une attaque conjointe contre la Fédération de Russie.
Les conditions du passage de la Russie à l'utilisation d'armes nucléaires sont également parfaitement définies. Nous envisagerons cette possibilité dès que nous recevrons des informations fiables sur le lancement massif de moyens d'attaque aérospatiaux et leur franchissement de la frontière de notre État. Je fais référence aux avions stratégiques et tactiques, aux missiles de croisière, aux drones, aux avions hypersoniques et autres.
Nous nous réservons le droit d'utiliser des armes nucléaires en cas d'agression contre la Russie et le Belarus en tant que membre de l'Union. Toutes ces questions ont été convenues avec la partie biélorusse et le président de la Biélorussie. Y compris si l'ennemi, utilisant des armes conventionnelles, représente une menace critique pour notre souveraineté.
En conclusion, je note que toutes les clarifications sont profondément calibrées et proportionnées aux menaces et aux risques militaires contemporains pour la Fédération de Russie.
Mettons-nous au travail. Je donne maintenant la parole au ministre de la défense, Andrei Removich Belousov ».
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**Gaël-Georges Moullec est docteur en Histoire contemporaine. Après avoir été en poste à l’OTAN, ce spécialiste de l’histoire russe et soviétique est actuellement Chercheur associé à la Chaire de Géopolitique de la Rennes School of Business. Il a publié en 2022, chez SPM, “Ukraine. La fin des Illusions” et “Poutine discours 2007-2022”.