Interview d’Eric Bothorel - Député des Côtes d’Armor

SDBR News : Vous êtes député* de la 5ème circonscription des Côtes d’Armor. Pouvez-vous nous la présenter ?

Eric Bothorel : La 5e circonscription des Côtes d’Armor va de Saint-Michel-en-Grève à Pordic (en passant par Lannion, Perros-Guirec, Paimpol et Saint-Quay-Portrieux). C’est la circonscription qui a le plus grand trait de côtes de la France métropolitaine et elle comporte 64 communes. La diversité des secteurs d’activités (agriculture, pêche, technologies, agroalimentaire…), des paysages et des habitants y forme « un concentré de Bretagne ».

SDBR News : A propos de technologies, quel est votre regard sur la Technopole** Lannion-Trégor?

Eric Bothorel : C’est un ensemble vivant, dont la genèse est intimement liée aux télécommunications, mais qui se réinvente parce que la technologie évolue et parce que la nature même des entrepreneurs présents sur ce territoire a évolué. La Technopole s’est enrichie d’un certain nombre de talents et de savoir-faire, certes encore en relation avec les télécommunications et les cœurs de communication, mais elle s’est considérablement diversifiée avec des entreprises qui travaillent sur des cas d’usage des télécommunications et surtout avec la photonique qui est venue s’intégrer dans le paysage.

SDBR News : Qu’est-ce qui a permis cette évolution?

Eric Bothorel : A l’origine de cette évolution il y a bien sûr le monde de l’Entreprise, en réaction et en adaptation aux aléas sectoriels mais, par exemple pour la photonique, nous la devons aussi à nos organismes de Formation présents sur la région: ENSSAT et IUT. Il faut des individus qui prennent des risques entrepreneuriaux, mais si vous n’avez pas de savoir-faire à mettre en face et de capacités de formation permettant d’assurer un vivier pour ces entreprises alors il y aura des difficultés. J’ajoute qu’il y a aussi un travail des élus, au plan du marketing territorial, de la reconnaissance et de la labellisation « French Tech », qui irrigue la Technopole et encourage les administratifs des différents pôles : Technopole Anticipa, Image & Réseaux.

SDBR News : Lors de mes passages à Lannion, j’ai entendu les chefs d’entreprises parler de difficultés de recrutement. Comment voyez-vous la situation?

Eric Bothorel : Nous sommes passés de 10% de taux de chômage en 2015, sur ma circonscription, à 6.4% en 2022. De ce que j’entends des élus de terrain, la problématique du recrutement viendrait du logement. Il y a quelques années, la difficulté à faire venir des gens d’ailleurs pour s’installer à Lannion était de trouver un emploi pour le conjoint, pour les couples de 30/35 ans. Cette difficulté s’est un peu estompée aujourd’hui pour deux raisons : le chômage a baissé et le recours au télétravail s’est généralisé, la localisation du salarié étant devenue moins déterminante. Reste la problématique du logement, que nous voyons surgir en zone littorale et provoquer des tensions sur l’accessibilité au logement : donc nous avons décidé de nous attaquer à ce problème. Nous ne sommes pas une grande métropole et nous n’avons pas l’attractivité de Rennes par exemple. Mais nous pouvons mettre en avant un vrai « terrain de jeu » de l’innovation et un foisonnement d’entreprises innovantes ; et l'art de vivre dans le Trégor qui se pratique au quotidien, à pied, à cheval ou à vélo et en toute saison !

SDBR News : L’accent est mis aujourd’hui, dans votre circonscription, sur le développement de l’excellence en cybersécurité. Pourquoi?

Eric Bothorel : Nous considérons qu’en Bretagne nous avons des compétences pointues sur un certain nombre de sujets et vous savez que la cybercriminalité ne s’embarrasse pas des frontières. Si nous voulons être efficaces dans l’accompagnement de la numérisation croissante d’un certain nombre de processus (produits ou services), sans offrir un terrain de jeux aux cybercriminels, nous devons être présents sur l’ensemble des aspects. Ce n’est pas un hasard si le CER-T sectoriel du Maritime se trouve à Brest ou si l’Université Bretagne Ouest offre des formations cyber, comme nous avons aussi à Lannion. Les enjeux de cybersécurité partent des bas niveaux et vont jusqu’aux couches applicatives. Nous avons vocation à développer à Lannion des aspects de cybersécurité pour les télécommunications. Au même titre que nous avons un laboratoire travaillant autour de la 5G et de la cybersécurité avec l’ANSSI.

*https://www.assemblee-nationale.fr

**https://www.technopole-anticipa.com